En étant très attentifs aux effets de la méditation sur le cœur, et plus globalement sur le système cardiaque, on devient très sensible, très proche de son corps, de ses propres palpitations. Ce qui devient évident est le fait de devoir entrer dans la méditation progressivement, et de sortir tout autant si ce n'est plus! Sans cela on risque de ne pas donner toute notre attention à la méditation, de la bâcler, de passer à côté et surtout de potentiellement se créer des problèmes cardiaques à moyen ou long terme. Donc ne prenons pas à la légère ces indications qui recommandent la douceur car cela touche directement à notre cœur, c'est à dire au rythme de notre vie, associé à celui de la respiration notamment. Pour une séance de 30 minutes il est conseillé donc de passer au moins trois minutes à sortir de la méditation afin de revenir à un rythme cardiaque et respiratoire plus normale. Tous les membres du corps doivent revenir à leur état normal, doivent être à nouveau irrigués, récupérer de leur tonicité. Se réapproprier le sens du toucher. Retourner à des micro contractions des muscles du corps entier. Augmenter le volume d'air inspiré et expiré, comme un massage cardiaque naturel. Sortir de la droiture de la colonne vertébrale pour aller vers la souplesse et la courbure. Nous voyons qu'il y a plein de choses à prendre en compte et qu'on ne peut pas improviser une séance de méditation n'importe comment, du moins si nous tenons à son effet positif et rayonnant sans l'accompagner de désagréments, troubles potentiellement important.
Méditer quotidiennement a des effets sur le sommeil. Rien n'empêche à l'inverse de méditer si nous sommes incapables de dormir. Ceci est préférable à rester allonger sur son lit à se ressasser l'impossibilité de dormir. Alors à tous les insomniaques, ne paniquez pas, ne restez pas allongés alors que votre esprit est éveillé, essayez la méditation. Peut être que certaines formes de méditation vous serons plus reposantes, plus relaxante que le sommeil inconscient.
Le temps dans la méditation est une notion très particulière. Parfois on l'a trop à l'esprit quand on est poussé à faire si ou ça et que nous sommes au milieu d'une belle séance de méditation. D'autres fois on a l'impression d'oublier le temps, de ne plus être accroché à son écoulement dit normal. Encore, on peut suivre tranquillement le déroulement temporel sans en être effrayé ou ennuyé, sans même l'oublier mais en l'ayant bien en tête.
Combien de temps? C'est une question majeure qui tourne depuis longtemps autour de cette pratique. Scientifiquement, à partir de 20 minutes par jours, sur au moins plusieurs semaines, des changement significatifs s'augurent en notre cerveau. Le cerveau est très plastique, mais il lui faut de la régularité pour que des changements prennent formes et racines en lui, en notre esprit. Dans la littérature, les écrits, on trouve généralement 3 "paliers" principaux de séances. 20, 30, 60 minutes. Petite, moyenne, et grande séance en gros. Il est important de se fixer des durées et de ne pas les faire varier sans cesse. Au début, on essaie, on teste, on est pas sur de sa posture, de comment s'y prendre, de combien de temps y consacrer, surtout si personne ne nous dit comment faire d'entrée. Clairement, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise méthode, pas la peine de se faire du souci inutile sur le sujet. Quand on écoute, lit, regarde certains pratiquants ou maîtres on se rend compte qu'il y a une infinité de façon de s'y prendre et que tous y trouvent leur compte. La méditation n'est pas l’apanage unique des traditions bouddhistes. De plus, comme souligné, il n'y a pas une mais des traditions bouddhistes. On aurait tort de croire qu'une est meilleur que l'autre. La meilleur est celle que nous empruntons, même si il nous arrive de la changer de manière infime de temps en temps. Ce sont des ajustements naturelles. 20 minutes suffisent donc amplement pour commencer. Ensuite, en s'inspirant de données scientifiques, on sait que c'est à partir de 30 minutes de pratiques physiques sportives que les effets sur le cœur sont significatifs et ont un véritable impact à long terme sur la santé du corps. De même on pourrait dire qu'une séance de méditation de 30 minutes permet d'avoir des effets plus ancrés en nous et peut être aussi sur notre système cardiovasculaire, au même titre que le sport. Cela n'est pas spéculatif, c'est ce que je constate par ma pratique. Dressons une liste non exhaustives des pratiques de méditation. En fonction du temps de séance et du moment de la journée. - 20 minutes par jours en une séance (matin ou midi ou après-midi, ou soir) - 30 minutes par jours en une séance (matin ou midi ou après-midi ou soir) - Deux séances (de 20-30 minutes) répartis dans la journée (dont, notamment, une au réveil et une au couché) - Quatre séances (de 30 minutes) répartis régulièrement dans la journée - Grosse séance le matin d'une heure jusque 4 heures d'affilée. - Méditation toute la nuit au maximum du possible et de la fatigue physique. "Si la tranquillité de l'eau permet de refléter les choses que ne peut celle de l'esprit?" Tchouang-tseu / Oeuvre complète Un esprit tranquille pourra inspirer de la confiance, le relâchement d'un grand nombre de tensions. Il pourra aussi provoquer un malaise, quand l'autre aperçoit en lui son propre reflet. Nous ne sommes pas habitué à regarder notre propre reflet. Peut être le reflet physique, certainement. Tous les matins en se lavant ou pour se recoiffer, remettre ses habits bien en place. Mais le reflet intérieur, celui de l'esprit, cela jamais on ne l’aperçoit en temps normal. Surtout pas chez les autres qui semblent tous agités, flous, inquiétés, amusés mais jamais quiets. Difficile de ne pas l'être dans cette société et cette époque où la vitesse, le rendement et le divertissement sont les principes fondamentaux. Alors quand on rencontre une âme ou un esprit sans vagues nous constatons enfin notre propre état intérieur c'est à dire le flou, la confusion. Miroir, mon beau miroir! Calmer son esprit, ou du moins le ramener à moins de vague est une bonne voie pour permettre à nous tous de nous mirer enfin tels que nous sommes. Choc. Désagrément. Joie. Lâcher-prise. L'air qui entre et qui sort. L'eau qui sillonne. Le cœur qui bat.
Souvent les gens sont, pour reprendre une expression bien connue, perchés. Perchés en permanence, jamais en contact avec la terre. En temps normal, on ne s'en rend pas le compte. Perché devient notre état d'être, on vole, on survole la vie, notre vie et tout ce qui nous entoure. Le fait d'être perché n'est pas en soi un mal. Le problème que cela pose est que par là nous ne voyons plus les choses essentielles, nous ne tenons plus en place, nous n'avons pas de base, de repère solide pour exister convenablement, et si possible en toute quiétude. Alors place est faite à toutes sortes de confusions. La méditation, en générale, s'inscrit en faux de ces tenaces tendances. Quand on survole, la méditation pose. Quand on tend à suivre les vents, la méditation nous enracine.
La posture assise est symptomatique. On s'ancre au sol, au contact de la terre, plus proche d'elle, donc plus proche de notre habitat, de notre source de nourriture, de notre mère, origine naturelle et matérielle (au moins). La colonne vertébrale, centre nerveux, touche le sol et n'est pas en hauteur par l'action des jambes. On rencontre fréquemment l'analogie de l'esprit à la terre. Si nous avons été un peu en contact avec la terre et les insectes, animaux, végétaux, si nous avons été au cœur observer le fonctionnement, ou la beauté, la merveille de ce système, de cet ensemble, alors nous savons. Sans bonne terre la vie est difficile, inexistante ou réservée à une poignée d'espèces très coriaces. Sans bonne terre la vie est possible mais la biodiversité impossible. Pour autant ne pensons pas qu'une mauvaise terre le sera à jamais. Souvenons nous que certaines plantes peuvent amorcer une grande fertilité pour l'avenir. En fait, ce n'est pas la terre qui importe mais la façon dont nous laissons les processus se faire, évoluer, éclore, se multiplier, se compenser, s'harmoniser. Ainsi, rendre une terre fertile est un processus assez lent, mais ce processus peut prendre des voies plus rapides qu'attendues, parfois. Méditer c'est se rendre dans un espace de vie, un jardin. Nous pouvons observer, être pleinement, faire un peu d'entretiens pour repousser les herbes envahissantes, ou rien de tout cela. Un jardin accueillant, un esprit accueillant et les choses peuvent exister plus librement, avec moins de souffrance, plus d’entrain, plus d'entraide, plus de convivialité, de respect, de possibilités. Il y a la terre où nous posons les pieds, la terre où nous posons notre esprit, la terre où nous posons nos actes et paroles, ainsi que nos relations avec les autres. Ces trois terres nous font tels que nous sommes. Ces trois terres ne vont pas l'une sans l'autre. Ces trois terres sont si précieuses, si belles et bonnes. Il convient de les préserver. Sans en faire un devoir. Juste aller de façon naturelle. Aussi, une quatrième terre symbolique pourrait s'y ajouter, la terre du haut, le ciel, où les branches des arbres sont leurs racines aériennes et leurs racines des branches terrestres. « On appelle cultivé un esprit dans lequel on a semé l'esprit des autres. » Diane de Beausacq De temps en temps on parle beaucoup sur la méditation, comme je peux le faire ici. Il faut se rappeler alors que la méditation est une expérience directe où nous sommes seul, vraiment seul, et que le recours à des schémas mentaux venus d'ailleurs n'est qu'un nuage de plus dans notre ciel intérieur. C'est comme emporter des provisions par peur de mourir de faim ou d'être heurté, blessé, alors que nous allons dans un pays d'abondance, où nous avons de rien besoin, : nous même. Surtout pour la méditation, laissons les paroles à leur locuteur, les écrits à leur auteur. Ca peut être intéressant, distrayant, encourageant, enrichissant, mais laissons le sur le pas de la porte comme on essuie et enlève ses chaussures à l'entrée de notre chez nous. Etre "cultivé", ce que nous mettons de signification derrière ce terme, est souvent encombrant et amène plus un simulacre qu'une vraie et profonde paix. Peut être faut-il se cultiver sans intention, par pure élan, par pure spontanéité et non en dessein de devenir sachant de sachant de sachant. Idées comme ça. Elevation Mon esprit tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté. LES FLEURS DU MAL, SPLEEN ET IDÉAL - C.BAUDELAIRE Depuis quelques jours par cette végétation luxuriante, ces fleurs nouvelles et éphémères, un sourire est venu dans ma méditation quotidienne. Jusque là ma méditation s'orientait dans deux voies, à peu près. Une très sérieuse et ultraconcentrée. L'autre plus laisser aller, contemplative, "passage de nuages". Et voici qu'un sourire est venu se poindre en mon esprit. Sourire sourire. Rien de plus, rien de moins. Juste sourire. Sourire juste.
Ce sourire n'est pas forcément uniquement physique ou facial, il est intérieur. Ce sourire rayonne en notre esprit et chauffe (telle est également la véritable sensation physique) notre cœur, puis tout notre être. Nous sommes sourire. Et même les pensées ne viennent plus autant tourner en rond. Pas qu'elles disparaissent, mais qu'elles deviennent quelques instants vraiment et profondément inutiles, vaines et si petites qu'elles n'ont plus lieu d'être. Du moins pour les pensées récurrentes, et toute ces pensées intellectuelles, émotionnelles qui nous nuisent, à force. Le sourire occupe tout l'espace. Il est tellement plein, généreux. La méditation sourire, telle que je l'appelle, c'est laisser notre flamme essentielle briller, chauffer exister. Chaque moment de méditation ravive et augmente cette flamme intérieure. Elle se communique à nos rencontres, et se garde en trace dans les lieux que nous investissons, dans l'air, la pierre, le bois, dans le presque imperceptible. On se rend compte que nous sommes des êtres de lumière, que nous sommes chacun de nous des soleils en puissance, et que l'on oublie et ne laisse pas de place pour cela, trop souvent. Finalement, cette méditation sourire m'apparaît en cet instant comme un compromis ou mélange naturel entre mes deux autres formes de méditation (la sérieuse et la laisser aller). Elle fait le pont. Elle est un pont, entre ces deux. Elle existe!! en moi, par moi, à travers, par dessus, par dessous, avant et après moi. N'est-ce pas là l'essentiel? |